Le mois de décembre est une période de l’année que j’affectionne tout particulièrement pour la magie des fêtes de fin d’année qui font pétiller les yeux des enfants. C’est encore plus le moment de vivre et partager sur le mode HAPPY FAMILY 😉 Et pourtant nous sommes parfois happés par les regrets qui teintent notre retrospective de l’année passée ou par une course effrénée pour se préparer à fêter les moments à venir en passant parfois tout bonnement à côté des bonheurs simples du présent… Ce mois-ci je choisis donc de mettre à l’honneur ce magnifique édito composé par Lucie OLIVIER dans le magazine Bibouille qui ouvre la voie/voix à une profonde méditation sur le lien parents/enfants et questionne l’univers que nous construisons chaque jour, ici et maintenant pour l’avenir…
« Alors que nous approchons des périodes de Noël, j’ai envie de vous proposer un répit peut-être salvateur avant les courses aux cadeaux, quand les lumières de la ville clignent sans fin tandis que les foules se pressent et s’oppressent au magasin.
Salvateur, dis-je, mais qui sauve qui ? Dans cet édito, pas de solutions pour nos porte-monnaie, mais des pistes de réflexion, des questions, à prendre ou à jeter, dans tous les cas à recycler, garanties 100% sans plastique. Ça sonne écolo, et pour cause, car je ne sais pas vous, mais ma rentrée à moi était verte et pas mûre, avec un goût de glyphosate et d’Hulot amer, saupoudré d’arbres abattus comme à l’aveuglette dans le Kochersberg.
Aussi, plutôt que l’apocalyptique « quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? », trop indirect à mon goût, je (me) demande : « quels enfants allons-nous laisser à notre monde ? »
J’ai lu et entendu que les enfants fonctionnent par imitation. Par exemple, si je lis souvent, il est probable que mon petit s’empare d’un bouquin. Je me dis que ça vaut le coup d’essayer : constater mes habitudes, guetter mes réflexes, observer ce discours discret et inconscient que je tiens au quotidien pour pouvoir, en somme, le sculpter tel que j’aimerais qu’il soit et l’offrir aux autres.
Qu’aimerais-je raconter à mon enfant par mes automatismes, mes habitudes machinales ? Que lira-t-il de moi quand ma bouche restera close et qu’il guettera, dans mon mouvement, l’indice du juste geste pour saisir l’univers ? Que nous ne sommes pas des machines, justement. Nous ne sommes instrumentalisés que si nous avons les yeux fermés. Ouvrir grand les yeux, donc, et à l’approche de Noël, s’interroger sur nos manières de consommer, mais se rappeler aussi que si l’on ferme les yeux c’est pour rêver : rêver à quoi ? Quels rêves habitent et nourrissent la conscience de nos marmots ? Profitons de l’hiver pour savourer les rêves de nos enfants, et redessiner les nôtres. Le pas de l’imaginaire au réel n’est pas si monumental quand il est collectif, et clair comme les yeux des petits. »